Abuja, 21 juillet, 2025 / 9:18 PM
Mgr Ignatius Ayau Kaigama de l’archidiocèse catholique d’Abuja au Nigeria a mis en garde neuf membres des Salésiens de Don Bosco, qu’il a ordonnés prêtres, contre les dangers du cléricalisme, du mercantilisme et de l’influence croissante de l’évangile de la prospérité dans le ministère presbytéral au Nigeria.
Dans son homélie lors de l’ordination du 19 juillet, Mgr Kaigama a averti les neuf nouveaux prêtres contre l’adoption de styles de ministère fondés sur la recherche de gloire personnelle, la quête excessive d’argent et un leadership autoritaire.
« Ces neuf jeunes hommes ne sont pas ordonnés parce qu’ils sont parfaits ou brillants sur le plan académique. Ils sont ordonnés parce que Dieu les a appelés. Mais cet appel s’accompagne d’une grande responsabilité — qu’il faut exercer avec humilité et fidélité, non avec mercantilisme ou orgueil », a déclaré l’archevêque catholique nigérian lors de la cérémonie qui s’est tenue à la paroisse des Archanges de Gaduwa, dans l’archidiocèse d’Abuja.
Il a réfléchi à l’évangile de la prospérité, idéologie qui, selon lui, gagne du terrain parmi certains clercs et mouvements chrétiens au Nigeria, affirmant : « Je le dis très clairement. L’évangile de la prospérité n’a pas sa place dans le sacerdoce catholique. Leur tâche première n’est pas de gagner de l’argent ou d’attirer des fidèles en promettant des miracles. Leur mission est le salut des âmes. »
Le chef de l’Église catholique nigériane a noté que, bien que l’Église ait besoin de ressources pour faire fonctionner ses ministères, la motivation du travail presbytéral ne doit jamais être financière.
« Oui, l’Église a besoin d’argent. Ce bâtiment dans lequel nous sommes ne s’est pas élevé par la seule prière. Mais si les prêtres font leur travail avec sincérité et humilité, les fidèles les soutiendront. Ils n’ont pas besoin d’artifices, ni de théâtralité. Ne devenez pas des hommes d’affaires spirituels », a-t-il expliqué.
L’archevêque nigérian a invité les nouveaux prêtres à rester enracinés dans la théologie catholique authentique et dans la vie sacramentelle de l’Église, leur rappelant que leur ordination est une « mission de service, non une licence pour exploiter ».
Mgr Kaigama a également abordé le cléricalisme, qu’il a décrit comme un « sentiment malsain de supériorité ou d’autoritarisme parmi le clergé ».
« Le cléricalisme est une maladie dans l’Église. Il apparaît quand les prêtres se considèrent au-dessus du peuple, comme des seigneurs plutôt que comme des serviteurs », a-t-il mis en garde, poursuivant : « Ce n’est pas l’esprit de synodalité que l’Église embrasse aujourd’hui sous la conduite du pape François. »
Il a insisté sur la nécessité pour les prêtres de marcher dans l’humilité et la consultation avec leurs laïcs, plutôt que de prendre des décisions unilatérales qui aliènent ou manquent de respect aux paroissiens.
« Un prêtre ne doit pas diriger sa paroisse comme un dictateur. On ne dissout pas la chorale ni ne révoque la présidente de l’Organisation des Femmes Catholiques depuis la chaire à cause d’un désaccord ; on convoque des réunions, on écoute, on consulte, on construit un consensus. C’est l’Église synodale à laquelle le pape François nous appelle », a-t-il dit.
Metant en garde contre un ministère centré sur la personnalité, Mgr Kaigama a dénoncé la tendance des prêtres à transformer leur rôle pastoral en tribune personnelle pour attirer l’attention ou exercer le contrôle.
« Le prêtre doit toujours diminuer pour que le Christ augmente, empruntant les paroles de saint Jean-Baptiste. La prédication, les actions, la simple présence des prêtres doivent conduire les gens vers Jésus, pas vers leurs pages sur les réseaux sociaux, ni vers leurs comptes en banque, ni vers leurs fans personnels », a-t-il souligné.
Selon l’archevêque, le ministère moderne doit résister à la tentation de créer des « cultes de la personnalité » ou des empires privés où le prêtre devient le centre d’attraction au lieu du Christ lui-même.
« Les prêtres ne doivent pas s’exalter ni attirer les gens par leur charisme ou leur marque personnelle. Ils doivent conduire le peuple de Dieu vers le Christ », a-t-il dit.
Il a ajouté : « En tant que prêtres, ils doivent être prêts à servir là où le besoin est le plus grand, même dans la souffrance. Certains prêtres ne veulent que des affectations lucratives. Ce n’est pas le chemin. Ils ne sont pas des cadres, ils sont des prêtres, serviteurs aux mains d’un Dieu puissant. »
Mgr Kaigama a rappelé aux prêtres ordonnés que le sacerdoce n’est ni une profession ni un statut social, mais une mission divine qui exige humilité, sacrifice et totale dépendance à la grâce.
« Je veux que nos nouveaux prêtres se rappellent toujours qu’ils ne commencent pas une carrière, mais qu’ils embrassent une mission. Leur ordination n’est pas une promotion ; c’est une mission », a-t-il dit, ajoutant : « Ils sont désormais des bâtisseurs de ponts, ‘pontifex’ en latin. Ils sont devenus l’échelle de Jacob, debout entre le ciel et la terre, intercédant pour le peuple. »
Il les a exhortés à se soutenir mutuellement, à prier pour leurs frères prêtres et à éviter d’être jugeants.
« Ne jugez pas durement vos frères prêtres lorsqu’ils traversent des épreuves. Eux aussi luttent, contre la solitude, la tentation, contre la chair même qu’ils ont promis de maîtriser. Soyez bons les uns envers les autres. Encouragez-vous. Priez les uns pour les autres », a-t-il conseillé.
Le chef de l’Église catholique, qui a commencé son ministère épiscopal en avril 1995 comme évêque du diocèse catholique de Jalingo au Nigeria, a insisté sur la centralité de l’Eucharistie dans la vie et le ministère catholiques, exhortant les prêtres ordonnés à ne jamais perdre le respect du mystère qu’ils seront désormais appelés à célébrer.
« L’Eucharistie est le cœur de notre foi. C’est le sacrifice du Christ, la présence réelle de son Corps et de son Sang », a-t-il dit, ajoutant : « Célébrez l’Eucharistie comme si c’était votre première messe, votre dernière messe, votre seule messe. »
Abah Anthony John a contribué à ce reportage.
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